Que faisons-nous pour prendre soin de ce lieu, et de tout ce qui nous est offert, plantes, arbres, animaux, terre ? Au fil des ans, des gestes, des attentions, des décisions qui nous aident à respecter la nature qui nous entoure, et tout ce qui y vit.

Depuis 25 ans, nous sommes installés en montagne, à 1000 m d’altitude, au milieu des prairies et des bois, à l’écart du bourg de Saint-Agrève (07). Très tôt la question s’est posée : quelle est notre responsabilité envers ce lieu, ces arbres, ces herbes ? Envers les animaux qui y vivent, chevreuils, renards, écureuils…Envers nos voisins aussi, qui ont cultivé là, nourri leurs bêtes de ces pâturages, qui aujourd’hui encore mangent principalement les œufs de leurs poules et les légumes de leur potager ?

Il me semble que le Bouddhisme et l’écologie partagent une même notion, celle de l’interdépendance des êtres et des choses. Si l’on s’appuie sur cette notion, il devient possible d’élargir considérablement la portée de l’écologie et de se sentir concerné par chaque geste, chaque décision que nous prenons dans notre interaction avec l’environnement.

Par exemple, l’eau de la ville ne vient pas jusqu’à notre lieu-dit, mais nous utilisons l’eau d’une source souterraine, située dans une prairie au-dessus de la maison. L’eau arrive maison par un système de tuyaux et de pompe, et ressort vers des cuves. Nous sommes en amont de voisins, il est donc important qu’à la sortie, l’eau soit impeccable afin de ne pas polluer la source de ces voisins.

Enfin, pour que tout cela, le soin, l’attention, le travail, ait un sens, il faut une continuité, une cohérence entre chaque étape. Du potager à l’assiette, de l’assiette au compost. Ce point sera développé ci-dessous.

ECOLOGIE :

Aujourd’hui, voici ce qui s’est mis en place, plus ou moins rapidement, plus ou moins complètement aussi au fil des ans :

– Emploi de produits uniquement bio pour vaisselle et tous les lavages et nettoyages. Nous faisons le plus souvent nos propres produits avec vinaigre blanc et bicarbonate de soude, additionné d’huile essentielle de lavande ou de citron. Très efficace et peu cher.

– Potager : chaux, fumier et purin d’ortie ou autres purins de plantes (consoude) et compost. Malheureusement il y a de moins en moins de vaches, donc de fumier, parce qu’il y a de moins en moins de voisins, et d’élevage… nous réfléchissons à la prochaine étape : nous avons commencé quatre carrés en permaculture l’an dernier, demie-réussite, mais nous nous y remettons cette année.

– Compost des épluchures, etc.

– Jamais aucun produit phytosanitaire. Désherbage de la cour à la main. Ramassage des doryphores et des chenilles du chou aussi.

– Échange de graines avec «graines de troc » prévu pour ce printemps.

– Recueil de l’’eau de pluie pour l’arrosage du jardin dans de grands containers

– Système d’épuration et assainissement performant, bien entretenu mais classique – nous avions envisagé un assainissement par les plantes mais le projet n’a pas été développé.

– Création de toilettes sèches, quatre à ce jour. Le principe est très simple : un très grand tonneau, recouvert d’un siège de toilette ; de la cendre et de la sciure, vidé et nettoyé tous les deux jours. On récupère un compost enrichi de paille ou d’herbe pour que tout soit absorbé, mais que nous avons jusqu’à présent hésité à utiliser, même au bout de plusieurs années…

– Recyclage attentif et réparation et ré-utilisation d’un maximum d’objets, suivant les compétences des personnes présentes ! Nous faisons surtout attention à ne rien jeter qui puisse re-servir.

– Ne pas acheter d’objets inutiles. Ce point nous semble spécialement important, car nous essayons de ne pas participer à un certain gaspillage, même si nous avons – et sommes extrêmement contents d’avoir ! – machine à laver et ordinateur.

Les projets qui n’ont pas vu le jour :
un four solaire, des constructions de cabanes en paille, d’autres aussi sans doute dont je ne me souviens pas, mais peut -être un jour… !

Tout ceci est maintenant intégré, et fait partie de notre quotidien. Nous admirons la nature qui nous entoure, et nous voulons en prendre soin.

CUISINE :

Il y a un autre point que nous avons beaucoup travaillé : c’est la préparation de la cuisine. A quoi sert en effet de prendre soin du potager, de faire pousser les petites carottes ou les courgettes si ensuite dans la cuisine ces produits sont maltraités, si on les laisse s’abîmer ? Ou si on les cuit sans soin, et qu’enfin en bout de chaîne beaucoup de nourriture est gâchée et jetée ?

Nous sommes attentives à prendre dans le potager seulement ce dont nous avons besoin, ce que nous allons préparer. Nous cuisons principalement à l’étouffée ou à la vapeur. Nous mangeons les fanes, nous épluchons peu, nous ramassons aussi des herbes sauvages au printemps, nous avons suivi plusieurs stages pour être sûres, et des champignons en automne – là aussi ceux dont nous sommes sûres !

Surtout, nous nous efforçons de faire une cuisine à la fois saine et délicieuse : épices, herbes, ail et oignon, et variété…tout cela avec le vrai goût des légumes. Il y a plein de moyens simples et économiques de réveiller du millet, ou d’accommoder du riz ! Les plats mijotés longtemps dans le four dans une cocotte sont particulièrement appréciés.

Notre cuisine est entièrement végétarienne, avec des œufs bio, du soja sous forme de tofou le plus souvent, mais pratiquement plus de produits laitiers remplacés par laits végétaux.

Nous achetons en bio toutes les céréales et souvent les fruits. Mais nous continuons à rendre visite au super-marché du village, pour une partie de l’épicerie, ou au marché hebdomadaire, car ce sont aussi des lieux de rencontre, et de convivialité dans une toute petite ville comme la nôtre.

Enfin, nous avons développé un vrai assortiment de recettes de « restes » – surtout des gratins, des boulettes, plein de petites choses rajoutées pour donner du goût ( et cacher un peu) faciles et rapides à faire, si bien que nous ne jetons pratiquement jamais de nourriture tout en ayant toujours
des repas complets et variés !

Prendre soin : je crois qu’on peut résumer ainsi notre approche ; prendre soin de la terre, de ses habitants et de nous-mêmes.

Prendre conscience que chacun de nos gestes a des répercussions, et que nous avons à donner autant qu’à recevoir.

Quelles traces allons-nous laisser ? Comment les alléger, et nous alléger nous-mêmes ?

Vivre en harmonie avec tout ce qui nous entoure : c’est apporter un peu de beauté et de paix dans ce monde.

 

Jôshin Sensei

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